Roller Derby Bordeaux Club

Venu des Etats-Unis, le Roller Derby est un sport atypique et féministe qui a vu jouer son premier match en France en 2010 à Bordeaux, à la Caserne Niel.

Le Roller Derby, qu’est ce que c’est ?

Le Roller Derby, c’est un sport de vitesse et de contacts qui se pratique en roller quads. Deux équipes de 5 joueuses s’affrontent sur une piste ovale pour faire passer la jammeuse (c’est elle qui donne les points é son équipe en dépassant ses adversaires, on la reconnaît grâce à ses étoiles sur le casque) à travers le pack constitué des bloqueuses des deux équipes, celles-ci doivent à la fois empêcher la jammeuse adverse de passer et aider la leur à traverser la défense adverse.

Un match dure une heure, il est découpé en « jam » de 2 minutes maximum. La première jammeuse à dépasser le pack obtient le « lead » et gagne le droit de stopper le jam quand elle le souhaite, en général, dès qu’elle a marqué ses points et que l’autre jammeuse la talonne de près afin de l’empêcher de marquer aussi. Il suffit de quelques jams pour se rendre compte que ce sport est avant tout stratégique. Les règles à respecter sont d’ailleurs si importantes qu’un bon arbitrage ne demande pas moins de 21 personnes (7 Officiels en patins et 14 sans). Une fois digérées les 50 pages de règles, on a compris que tous les coups ne sont pas permis dans le derby et que c’est le fairplay qui prime !

Car la plupart du temps, dès qu’on parle de Roller Derby à quelqu’un qui ne sait pas de quoi il s’agit, il ou elle évoque le film Bliss (ou le film Roller Ball, selon sa génération !) et il nous faut avant tout lui expliquer que non il n’y a pas de coup de coudes dans le Roller Derby, encore moins de mobylette vrombissante à laquelle s’accrocher ! Quant à ceux qui ont vaguement entendu parler, il nous faut casser leur fantasme du sport violent et sexy parce qu’ils ont cru voir passer é la télé des nanas en mini-shorts qui se cognent dessus.

Bien sûr nous assumons nos tenues décalées et nos pseudos rigolos mais nous prenons notre sport très au sérieux, on se doit donc d’abord d’expliquer ce que le Roller Derby N’EST PAS avant de pouvoir parler de ce qu’il est (au fait non, ne cherchez pas, il n’y a pas de ballon !) …


Petite histoire du Roller Derby

Dans les années 30, le roller derby consistait surtout en une course en patins de plusieurs milliers de kilomètres, qui donnait lieu à de vraies bagarres avant de devenir un sport-spectacle dans les années 40, ressemblant de plus en plus à du catch sur roulettes jusqu’aux années 70. L’image de ce sport se ternit alors en raison de ses combats chorégraphiés et souvent truqués et le roller derby tombe peu à peu dans l’oubli.

Dans sa version moderne, le Roller Derby renaît de ses cendres aux Etats-Unis, au Texas plus précisément, où il adopte de nouvelles règles, se structure sous l’égide de la WFTDA* et rencontre son public au début des années 2000. Fortement influencé par la mouvance « DIY », à la foi Punk et Féministe, le sport a laissé de côté la course pour faire place à de vrais matchs avec de vrais contacts, où la valeur individuelle ne serait rien sans un vrai jeu d’équipe derrière.

Sur la piste, les joueuses osent tous les looks, prennent un Derby Name et font place à de vraies guerrières à roulettes : l’engouement pour ce sport féminin et féministe hors du commun est tel qu’on compte désormais plus de 1000 clubs à travers le monde.

Le Roller Derby en France

Quand le Roller Derby arrive en France en 2010, les tout nouveaux clubs doivent surmonter nombre d’obstacles, des clichés les plus sexistes à la difficulté de trouver des gymnases où s’entraîner. On voit donc émerger une vraie communauté Derby, fraternelle et solidaire, qui permet au sport de se développer sur tout le territoire en un temps record et même d’envoyer une équipe française à la coupe du monde de Dallas en 2011 !

En 2015, la Fédération Française de Roller Sports tient enfin compte du Roller Derby et des 114 clubs qui lui sont affiliés, au point qu’elle lui dédie une commission et lance son tout premier championnat.

L’association du Roller Derby Bordeaux Club

C’est durant l’été 2009 à Bordeaux que naissent « les Petites Morts », toute première équipe de Roller Derby française grâce à l’impulsion et la ténacité de Belle Zébuth, fondatrice et coach du Roller Derby Bordeaux Club. L’association est une ligue aux équipes exclusivement féminines et gérée entièrement par ses joueuses.

En 2016 au sein de notre ligue, on compte
– plus de 80 adhérents, joueuses et officiels compris
– deux Travels Teams : les Petites Morts et la Compagnie Cruelle
– deux équipes locales : les Rotten Black Grapes et les Pink Cheek Peaches

Respectueux de la philosophie de la WFTDA* «  by the skaters, for the skaters « , dont nous respectons les règles et les valeurs, le RDBC est une association sportive et féminine créée en janvier 2010.

Le club fonctionne concrètement grâce à ses différents comités, chacun représenté au sein du Comité Directeur qui se réunit une fois par mois pour statuer sur les différentes propositions. Cette organisation horizontale permet le débat et la prise d’initiative, il est garant d’une vraie démocratie mais demande énormément de responsabilisation. Nous encourageons donc fortement nos joueuses à s’impliquer et à s’investir au sein de la ligue car c’est seulement grâce à elles que celle-ci fonctionne et se développe.

En ce sens, le fait d’adhérer au RDBC n’a rien à voir avec l’adhésion à un club de sport traditionnel : ici on ne consomme pas un sport, il est avant tout question d’engagement associatif.é Coordonner les missions de son comité ou faire un gâteau pour la buvette : chacune fait en fonction de ses envies et de ses possibilités.


Du roller derby à la Caserne Niel

Le tout premier match de Roller Derby a justement eu lieu à la Caserne Niel durant la manifestation  » Imaginez maintenant  » en juillet 2010. Les Bordelaises se frottèrent aux Toulousaines dans un match pugnace et amical qui enthousiasma le public. Quand aux joueuses et aux arbitres, ils comprirent qu’il allait falloir s’entraîner dur avant de maîtriser totalement les règles et les enjeux de ce sport addictif !

Mais il a fallu attendre 5 ans avant que la mairie de Bordeaux accorde au club un créneau par semaine dans un gymnase pour s’entraîner, c’est donc sur le rink du quai St Michel que les Petites Morts ont commencé à travailler dur. Toutefois, bien que ravies d’occuper un peu de ce territoire urbain généralement occupé par les hommes et afin de pouvoir continuer à s’entraîner par tous les temps, il leur a bientôt fallu investir dans la location d’un gymnase. Lorsque celui-ci n’a plus été disponible, l’association eu la chance d’être accueillie à la Caserne Niel, lieu hautement symbolique à nos yeux.

En s’entraînant au Dépôt, on ne bénéficie donc pas seulement d’un lieu pour patiner, c’est également là que pour nous – et pour le Derby français – , tout a commencé ! Grâce à l’énergie positive du lieu et de ses occupants, le club bénéficie d’un endroit couvert où s’entraîner et organiser ses évènements en dehors des matchs officiels.

En effet, bien qu’elle nous permette de nous entraîner, la taille de la piste que nous avons tracé ne nous permet malheureusement pas d’y jouer des matchs officiels mais nous pouvons y organiser des matchs amicaux. Nos deux équipes locales s’y rencontrent tout au long de l’année.

A la fois moteur et soutien, l’association de La 58ème nous permet également de participer à de grands évènements comme l’Armée des Grands Singes l’été dernier qui réunissait un très grand nombre d’associations ou d’organiser nous-mêmes des évènements plus modestes comme la Patinoire de Noël cet hiver en collaboration avec nos copains les S.T.Y.X et qu’on espère renouveler très bientôt.

C’est également là que nous organisons nos journées d’initiation.
A partir de 18 ans, tous niveaux et tous gabarits bienvenus, nous formons nos joueuses de A à Z.
Plus de renseignements sur rollerderbybordeaux.fr

Par ailleurs, la caserne Niel attire un public varié qui nous découvre au hasard d’une promenade le samedi, c’est souvent l’occasion de faire connaître notre sport dans un contexte authentique et convivial à des gens qui n’auraient probablement jamais vu de Roller Derby autrement.

Pour nous rencontrer, il vous suffit de passer nous voir au Dépôt lors de nos entraénements :
– le mercredi soir de 19h30 à 22h30
– le samedi en journée de 10h30 à 19h00

* Women’s Flat Track Derby Association
Nous sommes membres de la WFTDA,  » Association de Ligues bénévoles  » à travers le monde entier oeuvrant à soutenir le développement du Roller Derby dans le respect de ses joueuses et des Ligues, éditrice officielle des Règles du Jeu.

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LE SIGNAL D’OLIVIER CROUZEL

Il est l’un de ces artistes soutenus par le Fonds de dotation Darwin, qui travaillent à la Caserne Niel. C’est au détour d’un vieux hangar, situé du côté des Magasins Généraux, que nous rencontrons Olivier Crouzel.

Cet artiste aime observer les lieux en perdition mais petit à petit réappropriés, soit par la nature, soit par l’homme. Gare à celui qui le définirait comme artiste-mappeur : son travail ne touche pas à l’architecture mais bien à l’évolution des lieux et des usages qu’en font ses habitants. A l’aide de vidéos projecteurs, il éveille le spectateur et l’interpelle sur l’érosion humaine. Il nous raconte le rapport qu’il entretient avec la Caserne Niel :

DARWIN-OLIVIER-CROUZEL-VIDEASTE-MAPPEUR-©-Christophe-Pit-610x458
DARWIN-OLIVIER-CROUZEL-VIDEASTE-MAPPEUR-©-Christophe-Pit-

Adrien Montiel : Comment es-tu arrivé à la Caserne Niel ?

Olivier Crouzel : J’ai découvert la caserne il y a 4 ans, je m’y suis installé. On m’a proposé cet endroit, à la glacière. En 3 jours j’ai déblayé, j’ai mis des fenêtres, des cadenas et hop c’est devenu un endroit pour travailler. La glacière, il n’y a pas de confort, il n’y fait pas chaud, tu vois là j’ai un petit chauffage sur roulette. Il pleut à l’intérieur mais pas partout, parce que c’est grand. Ce lieu me sert comme site de production, et même d’exposition.

L’endroit porte bien son nom, il est froid, humide, les murs tapissés de graffitis sont délabrés. 

En y rentrant, on y trouve des morceaux de bétons qui jonchent le sol et même quelques épaves de voitures. Au milieu de ce grand espace, entre les pylônes qui soutiennent le plafond, sont étendus des torchons sur des cordes à linges. Deux autres pièces y sont accolées, l’une est blanche, l’autre est noire :

Au fur et à mesure de mon travail, je modifie cet espace par rapport au besoin, et non pas par rapport au confort. Ça c’est un endroit où de toute manière je n’y resterai pas longtemps puisque il va y avoir des travaux, mais je compte bien avant y faire quelque chose. J’aimerai travailler sur ce moment de passage où le lieu n’était rien, en préfiguration, et ainsi voir comment est-ce que l’on peut travailler dans un lieu brut comme celui dans lequel j’évolue, pour le comparer à un lieu de plus en plus en conformité. Mais en attendant je préfère commencer par produire des choses, avant de fabriquer un lieu en fait.

Olivier Crouzel souhaite faire de son atelier un espace de rencontres, entre des artistes, des scientifiques, des architectes. Il voudrait les impliquer dans une réflexion autour de l’érosion humaine.

Chaque mois qui passe, on a une couche de confort supplémentaire. Là ils sont en train de déblayer en haut, et bientôt il ne pleuvra plus à l’intérieur. Ce lieu va devenir plus confortable et donc du coup il va changer.

Les gens auront envie de venir, cela me permettra d’étudier comment l’humain se réappropriera cet endroit, et à ce moment j’en partirai puisque du coup, je n’aurai plus rien à y faire.

Je crois qu’on en est là, à faire de jolies choses, de jolies expériences, très vite tu peux projeter un grand truc sur un grand mur et ça marche. Les artistes aujourd’hui font des installations, avec de beaux matériaux, les oeuvres coûtent chères, c’est très beau mais ce qui compte aujourd’hui c’est le fond, c’est ce que l’on veut dire et partager, car nous sommes au-delà d’un simple principe d’esthétique : l’architecture, la science, tous ces milieux commencent à être poreux.

Les projets d’urbanisation qui affectent la caserne, laissent supposer que l’on puisse faire qu’un quartier entier reparte à zéro, sans prendre soin des battements qui pulsent déjà en son sein. Olivier Crouzel s’inquiète de l’unité de lieu qui apparaîtra. Il est important de conserver des coins secrets, bruts, afin d’en ressentir l’âme de la caserne.

En savoir plus :

www.oliviercrouzel.fr
Olivier Crouzel sur Viméo
@Oliver_Crouzel sur Twitter

Photographies : Christophe Pit