C’est derrière le Skatepark de la Caserne Niel que nous retrouvons Clément Garnung, directeur artistique de l’association Cargo 209 (ndlr : entendez à Cargo de sang neuf). Cinq containers sont disposés sur le bitume, les tentes sont dressées pour s’abriter du soleil, le bruit des scies électriques est omniprésent. Des artistes, des étudiants, des menuisiers et des bénévoles, participent depuis le 3 mai 2015 à une résidence d’artistes venus de France, de Mauritanie et du Sénégal.
C’est par la promotion de ces artistes, la diffusion de leurs oeuvres, et la médiation intellectuelle, que Cargo 209 cherche é croiser et mettre en lumière les différentes cultures et savoirs du monde.
37m3 PLUS LOIN
37m3 c’est le volume d’un container. 37m3 plus loin, c’est le fait que le spectateur se nourrit, tel un apprenant, de la création et du processus pour comprendre aujourd’hui ce que l’immigration signifie.
D’une immigration heureuse, forcée ou choisie, les artistes qui participent à l’événement ont tous un vécu personnel à raconter, ou bien celui d’un de leurs amis qui parfois, ne sera jamais arrivé au terme de son voyage.
« Il y a 400 encore, il y avait l’esclavagisme. Aujourd’hui, tout n’a pas nécessairement changé : les voyages, c’est toujours dans un fond de cale d’un bateau pour beaucoup de monde. Avec des enjeux différents, c’est intéressant de voir qu’en 400 ans rien n’a évolué. » – Clément Garnung
La Fête du fleuve à Bordeaux, était une occasion pour eux de parler de l’immigration. Bordeaux est une ville qui s’est construite grâce aux activités de la Garonne. Les gens sont arrivés par le fleuve, les gens en sont repartis, même encore aujourd’hui.
« Cela nous semblait important de parler du thème de l’immigration, au milieu de la voile, intégrés autour de stands commerciaux. Notre projet gravite autour du projet Vaisseau Fantôme porté par MC2A. » – Clément Garnung
IMMIGRATION INVISIBLE
« Quand nous regardons notre présent nous nous demandons si l’esclavagisme a réellement changé. Ce sont toujours les mêmes bras valides qui partent, ce sont les mêmes moyens de transports précaires, et les mèmes conditions de traversée c’est-à-dire, la promiscuité, la maladie, la mort, la faim. Et tout ça pour une même finalité donc l’esclavage. Les paradigmes ont changé, mais cela reste toujours de l’esclavage lorsque l’on sait que ceux qui immigrent en occident travaillent dans des conditions minables. » – Mamadou Sow (Binetart)
Maintenant, comment s’arranger pour que les politiques cessent d’ètre hypocrites ? Comment faire pour que ceux qui profitent de cette main d’oeuvre facile puissent aussi s’en détourner ?
Sans hypocrisie on peut trouver le moyen de faire bouger les gens, car c’est le mouvement qui a construit l’humanité. – Mamadou Sow (Binetart)
Lors de nos échanges avec Mamadou, un sentiment de colère, de désarmement face à la situation transparaît. Il soulève alors, une autre face de l’immigration, celle qui ne se voit pas, mais qui pille l’Afrique de ses ressources intellectuelles :
« Il y a énormément de personnes qui passe par des voies très légales, et ce sont des états qui ouvrent, en parlant d’immigration choisie, mais choisie parmi quoi ? Qui sont choisis ? On appelle cela de l’immigration choisie, mais en réalité, on écrème le continent africain de ses talents. » – Mamadou Sow (Binetart)
Rendez-vous pour l’ouverture de l’exposition qui se déroulera du 23 mai au 6 juin au Parc des Angéliques, au pied de la statue de Toussaint Louverture.
Mais en attendant, découvrez le teaser de l’événement :
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